L’histoire de la vaccination

Vaccins d’hier et d’aujourd’hui

Jusqu’au 17ème siècle : constats et essais

Dès l’Antiquité, on avait remarqué que les personnes atteintes une première fois de certaines maladies infectieuses ne tombaient pas malades une seconde fois.

Les premiers exemples d’immunisation contre une maladie concernent la variole. Connue de longue date, aussi appelée « petite vérole », celle-ci refait surface au 17ème siècle sous forme d’épidémies qui font chaque fois des milliers de victimes.

Dans différentes régions du monde, on s’efforce de déclencher une forme légère de variole en introduisant dans le corps d’une personne, par divers procédés, du pus de pustules de malades. L’idée est de lui procurer une protection à vie.

18ème siècle : Jenner et la variole des vaches

A la fin du 18ème siècle, un médecin de campagne anglais, Edward Jenner, fait une découverte importante : une maladie bénigne des vaches, la « vaccine », ressemble à la variole. Les fermières, en contact régulier avec le virus de la vaccine en raison de leur métier, ne contractent pas la variole lors des épidémies.

Jenner contamine une personne avec la vaccine via de petites incisions dans la peau. Puis s’efforce d’infecter son « cobaye » avec la variole, sans succès : celui-ci ne développe pas la maladie.

Le nom de « vaccination » est donné à cette opération. Elle connaît un succès retentissant en Europe et donne lieu à l’organisation de grandes campagnes de vaccination antivariolique.

19ème siècle : Pasteur crée le premier vaccin atténué

Dans la seconde moitié du 19ème siècle, Louis Pasteur, un docteur en sciences français, explore le rôle des microbes dans la survenue des maladies contagieuses, en travaillant sur des animaux d’élevage. Il démontre que le choléra des poules est dû à une bactérie.

Retrouvant dans son laboratoire de vieilles cultures de cette bactérie, il les administre à des volailles. Celles-ci tombent malades mais ne meurent pas, même quand on les infecte ensuite avec des germes frais et virulents.

Louis Pasteur vient de créer un vaccin atténué. En l’honneur de Jenner, il invente le terme « vaccin ».

En 1881, Pasteur énonce le principe de la vaccination : (inoculer) « des virus affaiblis ayant le caractère de ne jamais tuer, de donner une maladie bénigne qui préserve de la maladie mortelle ».

Après avoir mis au point un autre vaccin animal atténué contre la maladie du charbon qui décimait les troupeaux ovins et bovins, Pasteur oriente ses recherches vers la vaccination humaine. Il se penche sur une maladie touchant à la fois l’animal et l’homme : la rage.

A partir de cerveaux d’animaux morts de la rage, Pasteur parvient à isoler, purifier et inactiver la souche de l’agent contagieux. En 1885, il met au point le premier vaccin humain à virus atténué. En l’occurrence, celui-ci est utilisé post-exposition (il est administré avec succès à un jeune berger mordu par un chien supposé enragé). Une commission d’enquête internationale confirme son efficacité. La découverte provoque un afflux mondial de candidats à la vaccination.

Il s’est avéré par la suite que le virus utilisé dans le vaccin contre la rage était détruit, ce qui a ouvert la voie à des vaccins à base de microbes « tués ». Louis Pasteur crée autour de lui une véritable école de pensée scientifique. Il fonde un institut, l’Institut Pasteur, et forme de nombreux chercheurs en infectiologie, immunologie, parasitologie, génétique…

1880-1930 : toxines, anatoxines et bacilles tués

Ces « pasteuriens », comme Emile Roux, Alexandre Yersin ou Gaston Ramon, poursuivent l’œuvre du maître (Louis Pasteur), tandis que se développe en Allemagne une seconde grande école de la microbiologie, emmenée par des chercheurs tels Robert Koch et Emil von Behring.

Les scientifiques démontrent que ce sont les toxines sécrétées par le bacille de la diphtérie et du tétanos qui rendent ces maladies redoutables. Ils découvrent également comment le corps se protège de la maladie : en fabriquant des anticorps. Tout cela ouvre la voie à la production de vaccins contenant des « anatoxines », des toxines modifiées pour leur faire perdre leur toxicité.

C’est à cette période également qu’on découvre l’« effet adjuvant » de certaines substances, comme les sels d’aluminium, qui augmentent le pouvoir immunogène du vaccin en boostant la création d’anticorps. 

Les vaccins contre la diphtérie et le tétanos apparaissent dans les années 1920.

Parallèlement, les scientifiques concentrent leurs recherches sur des vaccins dirigés contre des maladies bactériennes qui constituent de véritables fléaux pour les populations : fièvre typhoïde, tuberculose et choléra.

Les recherches s’écartent du principe d’atténuation du pathogène pour opter pour son inactivation : le vaccin contient des bacilles tués.

Des vaccins contre la typhoïde et contre la tuberculose voient le jour, également dans les années 20.

1930-1960 : Nouveaux vaccins et vaccins combinés

Des progrès dans les méthodes de culture de virus permettent l’émergence de plusieurs vaccins viraux. On passe d’une culture sur des œufs, des embryons de poulet, des tissus d’animaux vivants… à des techniques de culture cellulaire en milieu synthétique, qui seront adoptées largement en Europe et aux Etats-Unis.

Les efforts se concentrent d’abord sur la fièvre jaune, contre laquelle un vaccin apparaît dans les années 30. L’Américain Jonas Salk met au point le premier vaccin contre la grippe, puis, 20 ans plus tard, le premier vaccin injectable contre la poliomyélite. Quelques années après, le médecin polonais Albert Sabin en propose une forme orale (prise par la bouche).

C’est également dans les années 50-60 que voient le jour les vaccins à plusieurs valences, offrant une protection combinée contre plusieurs maladies à la fois. C’est le cas notamment du vaccin trivalent diphtérietétanospoliomyélite (DTP) et du vaccin trivalent rougeolerubéoleoreillons (RRO).

Après les années 60 : biotechnologies et génie génétique

Après les avancées en matière de culture cellulaire, les biotechnologies et le génie génétique permettent à la vaccination de continuer à progresser.

Des vaccins modernes peuvent par exemple s’appuyer sur la technologie de l’ADN recombinant : on insère un gène d’un virus dans une cellule (de levure, d’animal…) pour produire un antigène. Ce procédé permet le développement du vaccin contre l’hépatite B, au début des années 80.

Les progrès en matière de synthèse artificielle et les travaux sur les capsules qui entourent les bactéries conduisent peu après à la mise au point de vaccins contre les pneumocoques, les méningocoques A et C et l’Haemophilus influenzae de type b, responsables d’infections graves comme les méningites. Ces vaccins contiennent des substances issues de l’enveloppe bactérienne.

En 2006 apparaît un vaccin contre les infections à papillomavirus humain. Il permet de réduire l’incidence du cancer du col de l’utérus. Depuis 2017, le Conseil Supérieur de la Santé recommande cette vaccination aux filles et aux garçons, pour se protéger également d’autres cancers et verrues génitales.

Et demain ?

De nombreuses innovations dans le domaine de la vaccination sont en train de voir le jour. En effet, ces dernières années, les technologies de production des vaccins ont évolué rapidement, parallèlement aux évolutions réalisées dans d’autres domaines, tels que la biologie moléculaire, le séquençage génomique, la chimie, la biologie, l’immunologie…

De nouveaux objectifs pour les vaccins 

Jusqu’à présent, les vaccins étaient développés dans l’optique de prévenir des maladies infectieuses. Les nouvelles découvertes ouvrent la porte à l’utilisation des vaccins dans la prévention d’autres maladies telles que les cancers, les allergies ou les maladies auto-immunes.

De nouveaux vaccins vont également être développés pour des publics particuliers, tels que :

  • les femmes enceintes ;
  • les nouveau-nés ;
  • les personnes âgées ;
  • les personnes immunodéprimées.

De nouvelles méthodes de production et de stockage 

Des vaccins sont développés via des nouvelles techniques de recombinaison d’ADN. De nouveaux types d’adjuvants sont également en production.

Une autre évolution porte sur la stabilité des vaccins et leur stockage. Il est en effet important, d’une part, de réduire les problèmes liés à leur exposition au gel et à la chaleur et, d’autre part, de pouvoir obtenir des vaccins qui restent efficaces à température ambiante (sans nécessité de les conserver au frais).

Les méthodes d’administration des vaccins

Traditionnellement, les vaccins sont administrés via une seringue et une aiguille. Toutefois, de nouveaux modes d’administration voient le jour. Parmi ceux-ci, on peut citer :

  • la jet injection : ce procédé envoie le liquide sous pression en sous-cutané ou en intramusculaire et ne nécessite pas d’aiguille ;
  • l’implant : un implant contentant le vaccin sous forme solide est placé sous la peau ;
  • les vaccins intradermiques : injection de vaccin par la peau ;
  • les mini-aiguilles ;
  • les patchs ;
  • la vaccination via les muqueuses : des sprays pour le nez ou des solutions à boire ;

Le développement de nouveaux vaccins et de nouvelles technologies d’administration et de stockage permettra de cibler des maladies émergentes et de protéger des populations spécifiques. L’extension de la vaccination à la prévention de maladies telles que les cancers et les maladies chroniques renforcera encore l’importance de cette pratique de santé publique.