Comment un vaccin est-il mis sur le marché ?

Quelles sont les différentes étapes ?

Avant de recevoir le feu vert pour être mis à la disposition du public, un vaccin est soumis à une procédure d’essais cliniques longue et rigoureuse. Lors de ces essais, on vérifie que le vaccin assure la protection espérée et qu’il ne provoque pas d’effets indésirables majeurs.

Conçu sur des bases scientifiques (analyse du microbe, expériences avec d’autres vaccins, modèles informatiques), le vaccin en développement est, dans un premier temps, expérimenté lors de tests et d’évaluations afin de constater s’il produit une réponse immunitaire. C’est la phase préclinique.

Le vaccin est d’abord testé sur des cellules isolées (études in vitro en laboratoire) puis dans un second temps, chez l’animal, dans le but de déterminer son mode d’action et sa toxicité. Ces essais précliniques sont généralement réalisés sur des souris, puis sur des singes. Ils servent à éviter d’administrer à des humains des vaccins inefficaces ou qui ne seraient pas suffisamment sûrs.

Dans un deuxième temps, si à l’issue de cette phase préclinique, la balance bénéfices-risques du vaccin penche en faveur des bénéfices, des essais cliniques peuvent alors être effectués chez l’être humain. Le vaccin est alors testé chez l’humain dans des essais cliniques en 3 phases.

  • Lors de la Phase I, le vaccin est administré à quelques dizaines de volontaires (des jeunes adultes en bonne santé). Cette phase a pour but d’observer les éventuels effets indésirables très fréquents, et permet aussi de déterminer le bon dosage des composantes du vaccin en mesurant les anticorps produits par les volontaires.
  • Lors de la Phase II, qui inclut plusieurs centaines ou milliers de volontaires, on évalue de manière approfondie la sécurité du vaccin et sa capacité à créer une réponse immunitaire. Les volontaires sont suivis pendant plusieurs mois. Cette étape permet d’étudier les détails de la réponse immunitaire, de préciser les schémas d’administration (nombre de doses, etc.), et d’identifier les effets secondaires fréquents.
  • Lors de la Phase III, le vaccin ou un produit comparatif (ou placebo) est administré à des milliers voire dizaines de milliers de volontaires. Cette phase a pour but de savoir si le vaccin protège contre la maladie. Il s’agit donc d’observer dans quelle mesure les personnes vaccinées ou qui ont reçu le produit comparatif qui sont exposées au microbe résistent à la maladie dans les semaines/mois après la vaccination. La plupart du temps, les essais de phase III sont réalisés dans plusieurs pays et sur plusieurs sites dans un même pays afin de garantir que les résultats des performances du vaccin s’appliquent à plusieurs populations différentes. Ces essais à large échelle sont les seuls capables de détecter les effets indésirables rares.

Au cours des phases 3 des essais, les volontaires et les scientifiques qui mènent l’étude ignorent quels sont les volontaires qui ont reçu le vaccin testé ou le produit comparatif. Cette méthode dite « en aveugle » est nécessaire pour garantir que ni les volontaires ni les scientifiques ne soient influencés dans leur évaluation quant à l’innocuité ou l’efficacité du fait de leur connaissance de l’identité des personnes ayant reçu le produit. Une fois l’essai conclu et tous les résultats finalisés, les volontaires et les scientifiques ayant participé à l’essai sont informés des personnes qui ont reçu le vaccin et de celles qui ont reçu le produit comparatif.

Une fois que le vaccin est jugé efficace et sûr, les autorités sanitaires accordent à son producteur une « autorisation de mise sur le marché » (AMM).

Une Phase IV est alors réalisée après la commercialisation du vaccin. En effet, il existe des systèmes permettant de surveiller la sécurité et l’efficacité de tous les vaccins. Les données récoltées sont utilisées pour ajuster les politiques d’utilisation des vaccins afin d’optimiser leur impact. Elles permettent également de suivre le vaccin en toute sécurité tout au long de son utilisation. Il s’agit ainsi de vérifier si des effets indésirables très rares, mais graves, surviennent chez les millions de personnes vaccinées.

Les autorités inspectent régulièrement les installations de fabrication des vaccins. Ceux-ci sont produits par lots. Les producteurs doivent pouvoir tester chaque lot pour s’assurer que chaque dose de vaccin délivrée présente la même qualité. Les lots sont identifiés précisément, pour faciliter leur traçabilité.1

On exige des vaccins des standards de qualité pharmaceutique, d’efficacité, de sécurité excessivement stricts, d’autant que le grand public s’inquiète énormément de leurs possibles inconvénients. Ce sont les autorités sanitaires nationales et internationales qui sont responsables de vérifier que les vaccins respectent ces critères.

Le service Qualité des vaccins et des produits sanguins de Sciensano assure un contrôle de qualité indépendant des lots de vaccins avant leur commercialisation en Belgique et en Europe. Ce contrôle indépendant est effectué après les contrôles réalisés par les firmes pharmaceutiques.

Sciensano fait partie du Réseau européen de laboratoires officiels de contrôle des médicaments (OMCL). La Direction européenne de la qualité des médicaments et des soins de santé coordonne ce réseau, qui teste tous les lots de vaccins destinés à l’Europe. Les tests indépendants de chaque lot de vaccins garantissent leur qualité et leur conformité aux spécifications du produit. Lorsqu’un lot de vaccins est testé par l’un des laboratoires du réseau, le certificat délivré est reconnu par tous les pays de l’Union Européenne. Les lots de vaccins distribués par les fabricants en Belgique sont donc testés et approuvés soit par Sciensano, soit par un autre laboratoire du réseau européen.

L’autorisation de mise sur le marché

A la clôture des essais cliniques, le fabricant d’un vaccin doit demander une « autorisation de mise sur le marché » (AMM) auprès d’une instance nationale ou internationale (européenne). Cette instance se prononce sur la balance bénéfice-risque du produit. On compare le risque d’effets indésirables associé à un vaccin et les bénéfices attendus pour la santé des personnes vaccinées.

  • Au niveau de l’Union européenne, l’organe compétent est l’Agence européenne des médicaments (EMA). L’autorisation qu’elle délivre est valable dans toute l’Union européenne.
  • Au niveau de la Belgique, la décision est du ressort de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS). Elle possède un organe scientifique qui examine les demandes d’autorisation : la Commission pour les médicaments à usage humain. L’autorisation n’est valable qu’en Belgique.
  • Au niveau d’un autre pays européen : il existe des procédures dites décentralisées ou de reconnaissance mutuelle. Un Etat membre de référence rend une évaluation favorable à une demande d’autorisation, cet avis positif est « reconnu » par les autres pays.

De plus en plus souvent, les firmes qui produisent des vaccins optent pour une procédure européenne plutôt que nationale. Elles doivent nécessairement avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché pour introduire auprès des Etats membres une demande de remboursement de leur vaccin.

Plus d’informations : AFMPS

Comment fixe-t-on le prix d’un vaccin ?

Pour fixer le prix d’un vaccin, une réglementation et une procédure strictes sont d’application.

Les demandes de fixation de prix de médicaments doivent être introduites par les fabricants auprès du Service public fédéral Economie. Celui-ci prendra une décision sur base de l’avis de la Commission des prix des spécialités pharmaceutiques ou de la Commission pour la régulation des prix.

Comment décide-t-on du remboursement d’un médicament ?

Si le producteur d’un médicament souhaite que l’assurance maladie prenne en charge une partie des coûts du médicament, il introduit :

  • Une demande auprès de la Commission de Remboursement des Médicaments (CRM) de l’Inami.
  • Un dossier de prix auprès du Service public fédéral Economie.

La CRM évalue la fréquence et la gravité de la maladie que le médicament vise, fait la balance entre l’efficacité et les risques, entre les bénéfices attendus et les coûts, compare avec d’autres médicaments existants, s’il y en a…

En se basant sur le prix défini par le Service public fédéral Economie, la CRM rentre une proposition de remboursement auprès du ministre des Affaires sociales. Ce dernier prend la décision finale, après avis de l’Inspection des Finances et accord du ministre du Budget.

La fixation des prix et du remboursement fait l’objet d’un arrêté ministériel, soumis au Conseil d’Etat avant publication au Moniteur belge.

Des vaccins gratuits ?

Dans le cadre du Programme de vaccination de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les vaccins recommandés sont mis gratuitement à disposition. La Fédération finance l’achat de vaccins sur base de marchés publics à échéance tous les 4 ans.


1 Sources :